Pour Mémoire un petit retour sur le pourquoi du comment en Kanakie, un article signé Francis Lalanne
Le 5 mai 1988, l'armée française donne l'assaut à des résistants kanakes présentés par les médias comme des « ravisseurs » , des « preneurs d'otages ».
L’action se déroule sur l'île d'Ouvéa (dépendance de la dite « Nouvelle Calédonie »)
19 combattants Kanaks sont tués, soit la moitié du groupe environ.
Les dits « otages » sortent quant à eux tous vivants de la grotte où ils avaient été retenus prisonniers..
By the way dans les médias on déplore la mort de deux soldats français et on se félicite du massacre perpétré dans la grotte.
Encore une fois des hommes blancs dansent sur les cadavres des hommes noirs qu’ils ont exécutés.
Le drame d'Ouvéa est pourtant le point extrême des revendications indépendantistes en kanakie où les combattants annoncent qu’ils ne désarmeront jamais , qu’ils mènent une lutte de libération nationale et qu’ils combattront jusqu’au dernier .
Le sacrifice des combattants Kanaks d’Ouvea et la mobilisation locale qui s’en suivra aboutira ainsi un peu plus d’un mois plus tard, le 26 juin 1988, aux accords dits de Matignon complétés le 20 août 1988 par un texte signé rue Oudinot, au ministère de l'Outre-Mer.
Il en ressort un compromis inespéré entre les représentants du gouvernement français et les chefs kanaks .
Ce que certains nommèrent dès lors un « laboratoire post-colonial » eut pour conséquence en premier lieu , une rénovation complète des institutions de l'île: une transformation totale du droit et de l’institution territoriale .
Le gouvernement français rompait avec le jacobinisme béké raciste et centralisateur pour accorder des pouvoirs très étendus aux instances politiques locales fondant leur nouveau statut sur le respect du peuple premier et l’héritage du droit coutumier.
La France reconnaît la valeur des institutions coutumières kanakes en matière de justice , et prône la redistribution des terres .
Terres qui devaient être rachetées à des propriétaires privés et redonnées à des clans kanaks de manière « inaliénables, insaisissables, incommutables et incessibles ».
Dans la foulée , furent même autorisées des ethno-statistiques , interdites partout ailleurs dans la République française, pour mieux cerner les inégalités liées aux différences d’origines ethniques.
Pour beaucoup de Kanaks et même de Caldoches ( héritiers des premiers bagnards et colons débarqués sur l’île , ) la promesse de l'indépendance était donc au bout du chemin.
Le 5 mai 1998, (dix ans après les accords de Matignon-Oudinot,) est conclu à Nouméa un nouvel accord visant un référendum sur l’autodétermination .
Juridiquement Il s'agit plutôt d'une « consultation » .
Le gouvernement français se réservant par ailleurs le droit d'en faire l’arbitrage par décret.
Cette « consultation » sera fixée au dimanche 4 novembre 2018 et la question posée sera : « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante? ».
Contre tout attente, le « Non » à l'indépendance l’emporte à près de 60% des votants...
Mais qui furent les votants?
À Nouméa Les représentants agréés des différents partis politiques de « Nouvelle-Calédonie » s’étaient retrouvés pour compléter lesdits accords de Matignon- oudinot conclus dix ans plus tôt .
L’accord transformait l'archipel en une collectivité au statut particulier au sein de la République française avec trois provinces (Nord, Sud et îles).
Il instituait un gouvernement, un congrès et un sénat coutumier, mais dans lequel le gouvernement français détenait à lui seul le pouvoir exécutif.
C’est d’abord là que le bas blesse.
Ce point précis formalise le retour du Jacobinisme Béké qui se place au dessus de l’institution Kanake .
Le nouveau statut est officialisé par la loi organique du 19 mars 1999.
L’accord de Nouméa relance également le projet du référendum sur l’autodétermination .